[BG] Scath rodeur et protecteur de la nature

Le chant mélodieux des animaux nocturnes se mêle au crépitement du discret feu de camp. Chants d’amour ou de lutte de territoire. La vie en foret est bien loin d’être un vain mot. C’est par millions que les petites âmes s’éveillent dès le coucher de l’astre, apportant leur contribution au chant céleste, hommage à tous les dieux et à cette terre qui porte la vie. A cet instant, l’harmonie se lève et le grand concert reprend, comme chaque soir, sous le regard des dieux. Voilà déjà plus de quarante années qu’il y assiste, et pourtant, son émotion est chaque soir la même. Il aimerait savoir crier lui aussi pour participer, montrer à tous que lui aussi, existe.

Pourtant, même s’il ne sait pas crier ou chanter comme il le souhaiterait, ce qui ne le surprend pas puisque déjà il n’aime pas parler, il participe lui aussi chaque soir, à sa façon. Lentement, précautionneusement, il sort un petit paquet de son sac de cuir. Sur le cuir est gravé au fer, un nom. Scath. Oh non ce n’est pas le sien, mais plutôt celui d’un de ses ancêtres qui inspira sans doute ses parents à sa naissance. Impossible d’ailleurs de savoir de quelle génération était cet ancêtre, tout le monde dans la famille a oublié ces temps anciens qui datent de bien avant les guerres des cités. Seule reste la tradition. Transmettre le paquet au premier mâle né, et lui conter les histoires, pour qu’à son tour lui aussi transmette le paquet et conte les histoires. Nul ne sait pourquoi et personne ne s’interroge. C’est ainsi depuis si longtemps.

Le premier objet qu’il sort du sac est un fragment de Crystal, fixé sur un petit support en métal d’un blanc mat, lui-même retenu par une lanière de cuir. Vieillie et usée, elle devait bien avoir le même âge que le sac à n’en pas douter. C’est presque religieusement qu’il se passe le pendentif autour du cou. En quelques secondes le Crystal se met à renvoyer de façon étrange et presque féérique les rayons rougeoyants du feu à ses pieds. Donnant ainsi l’illusion de rayons de chaleur se rependant dans les ombrages de la forêt. Une des légendes raconte que par ce geste, celui qui aime et protège, réchauffe le cœur des témoins de l’histoire, ces arbres millénaires qui composent encore le cœur de cette forets gigantesque et magnifique, recueil de l’histoire d’Hydaelyn, la mère de toute vie.

Le second objet qu’il sort du sac et un petit instrument à vent. Quelques bouts de bois creux, liés les un aux autres par des lanières finement ciselées, et tous de taille différente. Chacun ayant sur le dessus une petite ouverture. Nul ne sait qui fabriqua cet instrument, surement l’ancêtre Scath. Quoi qu’il en soit, comme toutes les générations avant lui, Scath en joue à la perfection. Il porte l’instrument à sa bouche et la danse commence. La danse de ses lèvres qui passent d’un morceau de bois à l’autre avec une dextérité et une légèreté déconcertante. Un souffle léger et appliqué de la bonne manière donnant enfin vie à l’instrument, et donnant au rodeur la satisfaction de participer au grand orchestre de la forêt. Ses airs sont parfois langoureux et pleins de mélancolie, quand il est triste. Mais souvent ils sont gais et rythmés, comme pour entrainer toutes ces petites âmes dans des danses endiablées. Et quand Hydaelyn est satisfaite, parfois, alors elle lui accorde même le droit de voir quelques petits animaux venir danser devant lui autour du feu. Moments rares et précieux.

Puis la fatigue arrive enfin, avec son lot de bâillements, et de paupières qui clignent, mimant des cils les battements d’ailes du papillon de nuit. La grande forêt elle-même semble apaisée et plus calme. Alors la deuxième partie de la nuit commence, celle dit du renouveau. Celle qui repose même une partie des animaux qui ne vivent que la nuit. Celle qui emporte le rodeur vers ses songes les plus profonds. Mais avant de sombrer dans les rêves et les mythes anciens, il lui reste une dernière chose à faire.

C’est alors qu’il sort de son petit sac de cuir un troisième objet. Un autre sac encore plus petit, fermé par une autre lanière de cuir toute aussi ancienne, on aurait dit une bourse. Lui aussi est marqué d’un mot imprimé à jamais dans le cuir. Fream. Décidément dans sa famille ce n’était pas l’imagination qui débordait. Ainsi avait été conçu son nom. Scath Fream. Alors il ouvre délicatement le petit sac. A l’intérieur se trouve des miettes d’herbes séchées. Il n’est plus depuis longtemps surpris de les voir. Mais pourquoi devrait’ il être surpris ? Sans doute par le simple fait que jamais le sac ne se vide, et ce, sans jamais qu’il n’ait besoin de le remplir. C’était sans doute le plus grand des mystères de sa famille. Mais aujourd’hui, qui s’en souciait. Les occupations, préoccupations, les Gils et le reste ont eu tôt fait de détourner le regard des autres de ce fait étrange. Y compris le reste de sa famille. Chaque soir c’est le même rituel, il prend les herbes séchées du sac, et les jettent dans le feu. Et chaque soir le sac est plein de nouveau. Ainsi l’exige la légende de ses ancêtres.

La nuit est claire. Rares sont les nuages qui viennent obscurcir le regard des dieux. Un léger sourire éclaire le visage du rodeur entre deux battements de cil. Le regard des dieux. C’est ainsi que sa famille nomme les étoiles depuis bien des générations. Tout cela lui semblait tellement normal. Jamais il ne s’était même demandé si les autres en faisait autant, c’était une évidence pour lui. En plus cette nuit n’est pas comme les autres. Cette nuit est la nuit du regard. Une fois par an, les yeux de Nophica se retrouvent dans l’axe du plus grand arbre de la forêt. Dans sa famille la légende prétend que cette nuit là, le regard de Nophica est braqué sur eux, et qu’ils sont jugés sur leurs actes de l’année écoulée. Alors avec sans doute un peu plus de cérémonial que les autres jours, Scath lance les herbes dans le feu. A l’instar de sa musique, la légende raconte que les vapeurs que les herbes dégagent en brulant, se répandent et apaisent les esprits anciens. D’ailleurs à chaque fois, lui-même ressent un étrange frisson, et un immense bien être, qui en général le plonge aussitôt dans le sommeil.

Rapidement mais précautionneusement, il range les trois objets dans son sac de cuir. Un pendentif, un instrument et un sac plus petit. Puis il referme le tout est sombre pour une nuit de repos bien mérité. Un dernier regard droit dans les yeux de Nophica, et il pourra s’endormir. Mais avant de sombrer, quelque chose l’intrigue. Il ne remarque pas tout de suite ce qui semble inhabituel, déjà à moitié dans les nuages. Nuages … Fumée … D’un geste brusque il se redresse. Scrute, inspecte. Son regard est figé sur la fumée qui monte lentement vers le ciel. Enfin il réalise qu’il voit quelque chose que jamais auparavant il n’avait vue !! Incroyable !! Il en reste pétrifié, à essayer de comprendre ce qui peu bien se passer.

Dans un ciel parfaitement dégagé. Un ciel dans lequel trônent et brillent de milles feux les yeux des dieux, les étoiles, la fumée de son feu mène une danse étrange. Alors que celle-ci devrait dans sa montée vers le ciel voiler complètement les yeux de Nophica, elle en fait le tour. Rien ne peut expliquer cela. En inspectant plus ardemment cette image surréaliste, Scath a l’impression que la fumée et les yeux en son centre forment un visage. Un visage qui le regarde et le scrute à son tour. Un gigantesque frisson lui parcours l’échine. Même si tout cela et stupide, il se sent … observé à son tour. Comme lui-même a observé ce ciel durant plus de 40 années. Cette sensation est si déstabilisante et intense qu’il fini par tomber au sol, endormi en une fraction de seconde.

...

« Ressent …… »
« Avance ……. »
« Crois …….. »

Le rodeur se lève d’un bond, paniqué et le souffle court. En quelques secondes des images envahissent son esprit. Des images des yeux de Nophica, des images de mort. D’un geste nerveux il s’essuie le front trempé d’un revers de main. Tout se mêle, tout se brouille. La vision, les rêves, les mots et … et se bruit … se grondement. Les effluves du matin qui émanent de cette terre encore humide se mêlent à l’odeur acre de la cendre froide du feu éteint. Puis le grondement grandissant fait trembler la terre sous ses pieds.

Tout va trop vite. Tout est trop soudain. Pourtant son instinct de survie lui hurle de réagir. Témoin involontaire du grondement qui approche inexorablement, à grande vitesse, le tremblement du sol qui se fait de plus en plus pressant, assourdissant et vibrant. Les cris de la terre mère mêlés à ceux de la horde qui fonce vers lui emplissent ses oreilles et tout s’efface, réalité, rêves, questions, plus rien n’existe dans cette soudaine urgence.

Alors Scath se met à courir pour sauver sa vie. Aucun doute possible. La horde est une armée de l’empire, ou pire encore, une armée de démons. Des démons qui se réveillent, bien décidés à déchirer et à avaler Hydaelyn sous leurs coups de crocs et de griffes accérées et immondes. Inconscient, presque fou, désemparé, le rodeur ne cours plus, il vole pour sauver sa vie. Ses pas ne font plus qu’effleurer le sol. Sa course folle semble irréelle. Mais il veut vivre. Vivre pour lutter.

Une brume au loin. Un brouillard à travers les frondaisons. Une nuée qui monte vers le ciel et s’approche, elle aussi. La lumière faible et rasante qui perce par rayons cette brume étrange et menaçante, éclaire par ci par là dans un halo surréaliste les bosquets et les troncs rugueux de la forêt. Témoins impassibles de ce qui ne peut pas arriver.

Par tous les âges et les enfants de Nophica, qu’arrive t’il … Est-ce la fin …

Le tremblement de la horde qui se rapproche inexorablement semble porter écho à un autre, face à lui. Ce n’est plus simplement un nuage opaque qui avance pour l’engloutir sans regret. Mais un bruit sourd de bois, un bruit de terre et de racines, de rage et de fureur. La fureur de la Sylve. La fureur des protecteurs.

Est-ce la fin …

Scath est bientôt à bout de souffle. Sa fuite effrénée, sa course d’un coup semble si inutile, futile, honteuse. Alors il stoppe et décide de mourir en protecteur. Qu’importe la fureur et les cris, qu’importe que la terre tremble sous le joug des bottes et des racines enchainées par la haine et la rancœur. Il fera face, pour ne pas mourir en lâche. Cette mort, il se rend compte qu’il la sait depuis le début de sa course. Alors tout s’éclaire et son esprit s’ouvre au monde qui l’entoure.

La horde d’un coté, les Treants de la Sylve de l’autre, et lui au centre, il n’a rien à prouver, rien à gagner. Rien qu’à donner à sa mère son bien le plus précieux, son âme. Un rayon de soleil qui passe à travers toute cette haine et cette énergie infâme, vient le frapper et le réchauffe. Son heure est venue, et finalement, il se sent bien, soulagé et heureux. Il va leur prouver à tous !
Alors il bande son arc de toutes ses forces, et commence à tirer sur les envahisseurs. Son esprit est vif et sa vue est perçante. Les membres de la horde tombent. L’un après l’autre, au rythme de ses souffles, traits de mort qui s’échappent de son arc et emportent la vie de ces adversaires. Il tire, tire, et tire encore. Le monde tourne, tremble, vibre, implose, le moment est là, … Enfin.

Quelques secondes avant l’inévitable, le rodeur s’immobilise. La paix l’envahi soudain, le calme et la sérénité apaisent son cœur. L’improbable inattendu est là, et l’heure du repos est venue. Il est prêt. Une dernière prière aux mères, Hydaelyn et Nophica, il ferme les yeux et trouve la paix enfin …

« Ressent …… »
« Avance ……. »
« Crois …….. »

Le rodeur ouvre les yeux, comme chaque matin. Son rêve de la nuit est encore bien présent mais il ne ressent ni crainte ni peur. Tout semble normal dans la forêt. L’odeur de l’humidité qui s’échappe de la terre encore fraiche, attirée par la chaleur du soleil qui se lève. Douce chaleur qui lentement s’insinue en lui, réveillant un à un ses membres endormis. Il cligne des yeux. Haut dans le ciel le chasseur du vent est déjà en quête de sa proie, ailes déployées, serres et bec acérés, près à fondre sur sa victime. Les derniers animaux nocturnes se cachent en silence, alors que les enfants du soleil s’éveillent eux, bruyamment. Douce mélodie qui berce les premières heures de ce nouveau jour.

Se matin ressemble à n’importe quel autre. Pourtant il en est certain, ce rêve n’en était pas un. Tout était si réel. Pendant quelques minutes tout ceci sort de son esprit. Il y a ses affaires à ranger, son campement à lever, s’assurer que le feu est bien éteint et ne viendra pas détruire son habitat, puis se mettre en route. Depuis qu’il avait quitté sa famille, voilà bien des dizaines d’années, le rodeur ne dormait jamais au même endroit d’un jour à l’autre. Vivant en nomade, mais toujours sans quitter cette forêt protectrice et nourricière.

Oh bien sur, avec le temps, il avait ces petits coins secrets, ces petits endroits reculés où il aimait passer une nuit de temps en temps. Malgré tout, même lui de bon matin ne savait pas où il dormirait le soir. C’était ainsi, il se laissait guider par le vent où par les esprits. Car il en est sur, parfois ce sont les esprits qui guident ses pas. Mais tout ceci est très diffus, impressions, sentiments, ressentis. Trop présent quoi qu’il en soit pour être totalement irréel. Lui y crois, et l’avis du reste du monde lui importe peu en vérité.

Alors qu’il marche sans but dans cette forêt qu’il connait déjà si bien, son rêve refait surface. Les mots aussi. Par deux fois il les avait entendus. Une fois dans son rêve, et une le matin même. Et toute cette rage qu’il avait ressentie. Cette guerre, et finalement, cette fin. Tout ceci ne pouvait qu’être un message. Il devait comprendre, car si c’était un appel des mères, il devait répondre sans faillir. Depuis le temps qu’il attend se moment. Le rêve avait cessé juste avant le moment fatidique, il ne s’était pas vu mourir, cela ne pouvais signifier qu’une chose. Il était encore temps. Mais l’urgence devait être importante pour que les mères lui envois un message aussi fort. A la mi-journée, ressassant sans cesse ses idées, ses rêves, ses sentiments, il fini par en être persuadé. La menace doit être suffisamment importante pour que l’on fasse appel à lui. Le temps était venu.

Mais venu pourquoi … de quoi … ou ? Tant de questions …

Le jour est passé sans même qu’il ne s’en rende compte. Perdu dans ses pensées, il avait marché sans but, erré dans les bois et les sous bois, sans même regarder où il allait. La réalité de la nuit qui tombe le tire de ses pensées pour un bref moment. Il faut réunir du bois, quelques pierres, installer le camp pour la nuit, allumer le feu, bref, la routine. Il fît tout cela sans même y penser, machinalement, incapable de sortir de son esprit le rêve de la veille. Qui l’aurait pût d’ailleurs. Et puis surtout, il ne voulait pas oublier, tout ceci était sans doute trop important. Il fallait qu’il comprenne.

Le voilà prêt pour le rituel du soir.

Le feu crépitait déjà depuis un petit moment. Comme chaque soir, le ballet chantant et incessant de la nature de la nuit qui croise celle du soir, parvenait telle une douce mélodie aux oreilles de l'Elezen. Comme chaque soir, les reflets mordorés des flammes dansantes se reflètent dans le petit Crystal qui trône au cou du rodeur. On aurait dit que ces flammes dansaient au rythme du chant de la nature. Une immense harmonie apaisante, simple brouhaha pour ceux qui ne savent pas écouter leur cœur et le cœur de la mère. Il se sentait bien, fatigué, perturbé, mais un sentiment de plénitude l'envahissant tout entier.

Depuis plusieurs très longues minutes, le bruit chaud et caressant de son instrument à vent se mêle au chant de la nature elle-même. Harmonie qui le rend heureux, car lui donnant se sentiment de faire parti d'un tout. De ne faire qu'un avec cette nature qu'il aime tant. Un peu comme s'il pouvait sentir les bras de Nophica l'enserrer tendrement. Chaque soir il goûte se bonheur. Mais après les événements de la veille, des choses semblaient avoir changés. Son regard sur les choses a changé. On peut être dévoué corps et âme à la nature, il n'en reste pas moins que certains événements vous pousse à vous questionner.

Il se fait tard et aucune réponse ne vient à son esprit. Alors Scath décide de finir cette soirée, et son rituel par là même occasion. Demain sera un autre jour. Il se tourne alors sur le coté et plonge la main dans son sac, pour y trouver le sachet contenant les herbes. Tout en farfouillant tête baissée dans ses affaires, il sent un frisson le parcourir, pourtant la nuit n'est pas plus fraiche qu'à l'accoutumé. Aucun danger tangible aux alentours, mais alors … pourquoi cette … sensation.

Lentement il relève la tête et c'est son regard qui lui apporte la réponse. Incrédule et silencieux il regarde un phénomène étrange, la lumière qui se répand en foret n'est plus celle du feu, mais une lueur bleutée d'une douceur incroyable. Instinctivement le rodeur baisse à nouveau la tête, mais sur son collier cette fois. Il faudra plusieurs minutes avant qu'il n'admette que c'est bien son médaillon qui émets cette lumière diffuse. Calme et réaliste, aucune panique ou crainte ne nait dans son esprit. Plutôt une incroyable curiosité en réponse à un étonnement de plus en plus grand. Ce médaillon qu'il porte depuis si longtemps, qui fait parti de lui, de son rituel et des ses croyances, ce même médaillon hérité de ces ancêtres inconnus, semble se révéler aujourd'hui.

Il ne faut pas longtemps au rodeur pour faire un lien avec la soirée étrange de la veille. Cette fois c'était sur ! Il se passe des choses graves. Si graves que des forces jusque là silencieuses se manifestent devant lui. Bien évidemment, cela ne peut être que Hydaelyn ou Nophica, et personne à cet instant n'aurait pu le convaincre du contraire, cette fois il en était sur !!

Il se demande si quelque chose ne vas pas apparaitre là, devant lui, un esprit, un message, quelque chose qui le guide enfin, qui lui explique. Rien ... Toujours rien. Un peu dépité mais toujours à l'affut, il quitte la position inconfortable qu'il avait depuis l'apparition du reflet bleuté, et se tourne résigné de nouveau vers le feu. A sa grande surprise, le reflet reprend alors aussitôt sa couleur mordoré. Déçu et perturbé, résigné aussi, il soupire doucement. Avait 'il rêver tout ca ? … décidément. S'il avait toujours espérer un message, il se sentait bien perdu.

Dépité de n'avoir ni compris, ni plus d'information pour comprendre, il se tourne de nouveau vers son sac, faute de mieux, il se devait au moins de respecter son rituel. A cet instant, ces yeux brillent comme des étoiles. La lueur bleutée est revenue. Alors la magie opère toujours !! Il doit comprendre maintenant. Son esprit est en ébullition, il tente de répondre à cette question qui semble si irréelle, pourquoi ? Il regarde derrière lui au cas où, et la lueur change de couleur de nouveau. Il se redresse alors un peu, faisant face de nouveau à son sac, et la lueur réapparait. La réponse est toute proche, il le sent au plus profond de son être.

Plusieurs minutes de ce petit jeu et son visage s'éclaire comme celui d'un enfant devant un cadeau magnifique. Enfin il a compris. La lueur ne change que quand il s'oriente dans une direction précise. Il se prend au jeu, changeant de direction sans arrêt, il a envie de rire aux éclats, de crier sa joie, intérieurement son bonheur grandi de secondes en secondes. Il fini par être presque ivre de joie. Enfin il a compris. Tout le reste a disparu, le feu, la nature, le chant des animaux, tout, jusqu'au moment ou dans un geste un plus brusque que les autres, sa main passe plus près du feu que de raison. Dans le brouhaha de la nuit alors retenti un …

"OUCH!"

Scath souffle un instant sur sa main, puis bien vite sort de son sac une feuille qui semblait rouillée par le temps et l'enroule délicatement autour de sa paume endolorie. Cette brulure inopinée l'avait fait redescendre sur terre. Calmé, si on peu dire, sa réflexion reprend un cours plus normal, et les idées se mettent en places. Aussi merveilleux que peut être se signe, il signifie aussi qu'un danger sans précédent est né. Et si la joie d'avoir enfin une preuve irréfutable de l'existence des mères était bien réelle et le comblait, il a désormais en tête, bien ancré, que c'est bien l'urgence et le danger qui en sont la cause.

Avec le calme, la fatigue aussi refait son apparition. L'excitation de la découverte retombée, la nuit reprend son cours, et l'épuisement sa place. Sans se pressé, mais sans plus attendre non plus, le rodeur sort les herbes du petit sachet et les jette dans le foyer faiblissant. Demain sera un jour important, maintenant il sait où aller ! Louées soient les mères.