[BG] Na'Lieb, fille du désert

Une terre aride, un sol jonché de pierres et de gravas, des falaises semblant accidenter encore plus le paysage alentours.. C'est ce que vit Na'Lieb alors qu'elle ouvrait tout juste un œil après une longue nuit bien méritée. Un bâillement au bord des lèvres, elle laissa paresseusement retomber sa paupière et se roula un peu plus en boule, pensant pouvoir profiter encore quelques minutes de bien-être. La couverture posée nonchalamment sur son corps la veille avait glissé jusqu'à sa taille pendant la nuit, et le soleil lui chauffait à présent agréablement la peau, ne lui laissant qu'une agréable sensation de chaleur. Si seulement elle pouvait rester ainsi toute la journée... Dans un réflexe, elle attrapa une poignée de sable entre ses doigts et savoura la texture contre sa peau et la chaleur diffuse qui s'en dégageait. Et l'odeur... Toujours cette même senteur indéfinissable mais qu'elle adorait plus que tout.

Les choses n'étaient finalement pas bien différentes des autres jours : elle finit par soulever de nouveaux les paupières, clignant plusieurs fois devant la lumière éblouissante de l'astre, puis par s'étirer langoureusement pendant plusieurs minutes et enfin par refaire ses nattes d'un geste machinal. Elle était fin prête pour cette nouvelle journée !
Si la plupart des gens ne voyaient dans le désert qu'une succession de paysages tous plus proches les uns que les autres, vides et sans intérêt, elle n'y voyait que les multiples couleurs de ces plantes si robustes, la clarté de ces paysages, la tranquillité et surtout, surtout, un soleil quasi omniprésent ! A vrai dire, elle ne se lassait jamais de tout ce que la nature avait à lui offrir et trouvait toujours à s'émerveiller d'un tas de petites choses.

Quand elle avait décidé de quitter les siens voilà quelques lunes pour tenter l'aventure seule, elle avait craint un moment de finir par s'ennuyer, de tourner en rond pour finir par rejoindre la petite tribu la queue entre les jambes et les oreilles baissées. Et puis elle était arrivée dans le désert et était tombée amoureuse de ce qu'elle y avait vu, alors elle avait déposé son petit baluchon au coin d'une falaise et s'était rassasiée de tout ce que la nature lui offrait. Pendant les jours suivants elle avait passé son temps à vagabonder, étant alors incapable de rester en place très longtemps : elle voulait tout voir, absolument tout ! Et puis de fil en aiguille, à force de s'extasier et de s'interroger sur tout, elle avait finit par apprendre qu'elle pouvait extraire du minerai de ces roches brillantes. Elle avait pesté, s'était impatientée de ne pas y arriver puis s'était fait une raison : elle deviendrait un jour une grande mineuse, trouverait de jolies roches et irait les vendre à la ville !

Une nouvelle journée s'offrait donc à elle, journée qu'elle passerait sans doute encore à gambader et fouiller les falaises avec sa pioche. Le sourire sur les lèvres, elle rangea sa petite couverture et s'offrit le luxe de lézarder de nouveau encore un peu au soleil. Sa peau naturellement bronzée pouvait encore bien foncer encore un peu, elle en serait extrêmement ravie ! Un dernier coup d'œil sur l'astre et elle se mit en route. Aujourd'hui serait une bonne journée, elle le pressentait. D'ailleurs, le soleil ne brillait-il pas un peu plus que d'ordinaire ? Le vent ne soufflait-il pas un peu plus chaud non plus ? Pour elle, c'était clairement un bon présage, alors elle sourit et se lança à l'assaut de ce qu'elle était persuadée regorgerait de merveilles.

Le minage était un art délicat. Elle s'était toujours imaginée que le plus dur était d'extraire les pierres et autres minerais de la roche. Elle s'était trompée, bien que partiellement. L'extraction était difficile, il fallait poser sa pioche au bon endroit et frapper avec la force nécessaire : pas trop fort pour ne pas abîmer le précieux contenu, pas trop doucement non plus pour avoir une chance d'obtenir quelque chose. A vrai dire, elle avait encore du mal à bien doser et repartait parfois bredouille ou avec des minerais en plusieurs morceaux.

Ceci dit, si elle ne s'en sortait pas toujours avec l'extraction, l'étape précédente était souvent pire. Avant de pouvoir extraire, il fallait en effet avoir déniché un filon, et ça, ça avait été un véritable cauchemar. Elle avait commencé au petit bonheur la chance, se promenant dans le désert tout en longeant les falaises, un œil sur toutes les merveilles des paysages et un autre sur la roche. Sans doute qu'en étant si peu concentrée sur ce qu'elle faisait elle ratait régulièrement cette espèce de petite aspérité, signe qu'à cet endroit la roche renfermait un trésor. Néanmoins, elle finissait toujours par en trouver une, et s'attelait du mieux qu'elle pouvait à en sortir les précieux minerais. Mais avec sa 'technique' de recherche, quand elle reposait son baluchon le soir pour manger un bout et prendre un repos bien mérité et qu'elle faisait l'inventaire de ses trouvailles, elle ne pouvait que soupirer. Peu de jolies choses en ressortait, tant par la quantité que la qualité, elle les abimait encore de trop pour espérer pouvoir en tirer un bon prix en ville.

Par la suite, elle s'était efforcée de porter plus d'attention à son travail et moins aux paysages. Constat mitigé, il y avait toujours quelque chose qui attirait son regard, que ce soit la forme d'un rocher ou des petites fleurs aux couleurs chatoyantes, mais quand elle passait en revue ses trésors, elle en comptait tout de même un peu plus.

Le minage était également un art physique. Lever une pioche ne lui faisait pas peur, mais sa petite carrure ne l'aidait pas toujours. Certains filons étaient situés un peu hauts parfois, et porter la pioche à bout de bras était difficile. Et encore... quand il ne s'agissait que de donner un petit coup de pioche pour écarter la pierre et libérer le minerai, elle s'en sortait, mais frapper fort pour réussir à casser la paroi était vraiment éreintant. D'ailleurs, depuis qu'elle était plus sérieuse, elle s'arrêtait toujours complètement épuisée et percluse de courbatures. Le matin elle passait également plus de temps avant de se lever, s'étirant toujours longuement, grimaçant également beaucoup sous ses muscles endoloris. Pour autant, elle n'aurait en rien renoncé à son nouveau départ : miner lui plaisait énormément, et plus encore le lieu qu'elle s'était choisie.

Ça avait été une journée agréable, dans les moindres moments. Le soleil s'était levé comme tous les matins, et comme tous les matins il l'avait inondé de sa chaleur bienfaisante et de son éclat. Quelques oiseaux avaient également été témoins de son réveil, piaillant à qui mieux mieux et la faisant irrémédiablement sourire. Le vent chaud soufflait toujours, seul signe qu'il finirait sans doute par pleuvoir à un moment ou un autre. Ça, ou autre chose. Son pressentiment ne l'avait pas quitté depuis quelques jours, bien que rien d'anormal ne se soit produit. Néanmoins, elle restait convaincue qu'il finirait par arriver un évènement suffisamment étrange pour éveiller ainsi ses sens.

Le gros de la journée était passé relativement vite entre excursions et coups de pioche, si bien qu'elle s'était retrouvée assise sur un surplomb pour grignoter quelque chose à une heure assez avancée de l'après-midi. Mais après tout, qui cela dérangeait-il ? L'endroit était peu fréquenté et comme à son habitude elle prit le temps de savourer ce que la nature lui offrait, que ce soit ces quelques fruits ou les terres arides en face d'elle, vierges de toute trace de l'homme. Le soleil brillait encore fort quand elle se réveilla en pleine forme de sa petite sieste, prête à terminer cette journée comme il se devait.

Elle n'avait fait que quelques pas qu'elle se figea devant cet homme, incapable de continuer son chemin comme elle le faisait habituellement. Autant elle appréciait à sa juste valeur chaque nouvelle rencontre, autant elle n'était pas souvent celle qui les provoquait. Cet homme en revanche avait un petit quelque chose qui lui donnait envie de lui sourire, juste comme ça.
Blond, d'origine Hyuroise sans aucun doute, un air un peu négligé renforcé par ses habits simples... Sans l'épée qui siégeait le long de son flanc gauche, elle l'aurait sans doute pris pour un voyageur qui se serait égaré et non l'aventurier qu'il était. Il était mignon, et... gentil, attentionné. Il n'avait pu s'empêcher de lui conseiller de faire attention dans cette partie du désert, dangereux pour quelqu'un comme elle peu habituée au combat. Une attention touchante de la part d'un inconnu qui l'avait fait sourire instantanément.

Les choses s'étaient enchainées, naturellement, et ils avaient échangé quelques phrases, sans doute des banalités mais ça leur avait fait du bien à tous les deux. Si la pluie aurait pu refroidir l'ambiance légère, il n'en fut rien, bien au contraire. Falkhen comme il se prénommait, les lança dans une course rapide entre les falaises : assurément, il savait où il allait. Elle, c'était la première fois qu'elle s'aventurait par ici, alors elle suivit du mieux qu'elle put, se promettant de revenir plus tard et explorer en profondeur ce nouveau coin. Alors qu'ils couraient sous la pluie pour rejoindre une grotte et s'abriter, celle-ci décida de s'arrêter aussi brusquement qu'elle était apparue. Cela ne les empêcha pas de continuer leur petite excursion jusqu'au port, lui faisant découvrir pour la première fois la mer et ses reflets bleutés.

La nuit était déjà tombée le temps qu'ils arrivent, mais elle profita pleinement de ce qu'elle avait sous les yeux, plissant quelque peu le nez sous l'odeur salée qui se dégageait de l'endroit. Néanmoins, les étoiles et lumières se reflétant dans l'eau avait quelque chose de magique. Ils passèrent toute la nuit à discuter sans même s'en rendre compte, tranquillement installés à l'abri des lieux de passage.

Quand le soleil se leva de même que le vent charriant quantité de nuages de poussière, ils rebroussèrent chemin jusqu'au passage dans la roche. Lui avait des choses à faire, et elle, elle aurait volontiers fait un petit somme dans un coin calme. Timidement, il sortit de ses poches une petite perle brillante, expliquant qu'il aimerait beaucoup garder contact et que si elle voulait les rejoindre, lui et son ami Lalafell, elle serait la bienvenue.
Troublée, elle l'était, ne s'attendant absolument pas à ce genre de demande. Si la perle lui chauffait agréablement la main et que son être ressentait que les choses étaient dorénavant à leur place, elle la rangea soigneusement dans un morceau de tissu et la glissa dans une poche.
" Merci, je n'oublie pas la proposition " fut les quelques mots soufflés accompagnés d'un sourire avant qu'il ne prenne congé.

La journée suivante lui paru plus fade et moins trépidante malgré les nouveaux paysages qu'elle découvrait. Elle était satisfaite de sa vie et appréciait pleinement les plaisirs simples qu'elle en retirait, mais cette brève journée d'aventure lui restait en mémoire. La pierre était toujours soigneusement enroulée dans son carré de tissu et elle s'efforça de ne pas trop y penser si elle voulait pouvoir avoir quelques minerais d'ici la soirée.

Les jours suivants défilèrent selon le même schéma, elle parcourant toujours les plaines arides avec un entrain toujours aussi visible, mais les pensées régulièrement tournées vers ce coin de terre surplombant l'océan. Le soir, elle dépliait le tissu entourant la perle et la faisait rouler entre ses doigts, se demandant si elle devait accepter ou non la proposition. Elle n'était pas du genre frileuse et à hésiter à se lancer dans une nouvelle expérience. Pour autant, pourrait-elle encore continuer à miner ? Serait-elle restreinte alors ? Elle n'en n'avait pas eu le sentiment lors de cette journée, mais elle était partie pour elle, pour jouir d'une espèce de liberté et ne comptait pas la perdre si tôt après l'avoir trouvée. Ce soir là, elle s'endormit avec la perle logée au creux de sa main.

Elle courait le plus vite qu'elle le pouvait, un air de panique inscrit sur le visage. Derrière elle, une espèce de gros dragon la poursuivait, sans doute heureux d'avoir enfin trouvé un repas. Pour sa part, elle refusait de finir dévorée, sélection naturelle ou non ! L'endroit était clairsemé par des colonnes de pierre et bordé de falaises : pourvu qu'elle ne se soit pas engagée dans un cul de sac !
Sur sa gauche, elle repéra deux choses : un oiseau relativement gras n'avait pas fuit comme ses congénères, et une ouverture dans la falaise. Elle tenait sans doute sa chance !

Un coup d'œil derrière elle, et elle bifurqua en direction de l'oiseau, s'engouffrant par la suite dans ce qui s'avérait être une grotte. Plaquée contre le paroi intérieure, elle s'efforça au mieux de maitriser sa respiration, sans grand succès ceci dit, peu habituée à courir aussi vite sur de longues distances. Quelques bruits déchirants retentirent dehors la pétrifiant sur l'instant : le dragon avait finit par repérer lui aussi l'oiseau, et avait remplacé son repas. Du moins, elle espérait qu'il ne reparte pas à sa recherche par la suite...

La grotte était étroite et mal éclairée et la roche froide sous sa paume. En promenant son regard sur les parois, elle distingua que le couloir semblait s'enfoncer plus loin sous la falaise encore. Peu désireuse de croiser de nouveau le dragon, elle n'hésita pas et s'engouffra dedans, priant La Gardienne qu'aucune créature affamée n'ait choisit cet endroit comme habitat.
Au bout de quelques virages, elle déboucha sur une cavité bien plus large et de curieusement plus éclairée. Aucune bête ne semblait s'y trouver et cette constatation fit redescendre quelque peu son rythme cardiaque.
Elle fit quelques pas de plus dans la cavité, s'offrant par la même occasion une meilleure vue sur toutes les parois. Sur sa droite, quelque chose brillait dans la roche, prodiguant sa lumière à la grotte. Intriguée, elle s'en approcha, jusqu'à pouvoir distinguer que c'était vraisemblablement un minerai qui brillait de la sorte. Dépliant sa pioche dans un clic bruyant dans ce silence, elle gratta doucement la pierre autour du minerai. La roche s'effritait facilement autour et elle eut vite fait de le dégager un maximum. De ce qu'elle en voyait, c'était un vrai bijou : une couleur bleutée, un aspect anguleux comme si la pierre était déjà taillée, et une forme curieuse de larme. Si elle le sortait de là, elle était certaine d'en tirer un bon prix à Ul'Dah.

Concentrée pour ne pas rater l'extraction de sa plus belle trouvaille, elle ne put se retenir de sursauter quand elle entendit du bruit derrière elle. La pioche se ficha dans la larme au lieu de la roche et elle s'effrita de la même manière sur le sol poussiéreux. Le visage de la Miquo'te se décomposa devant le résultat de ce malheureux coup de pioche en même temps qu'elle se retournait pour voir ce qui avait causé ce bruit.

Un léger souffle d'air l'assaillit et fit voler la poussière juste assez pour la mélanger : le vent devait souffler fort dehors pour qu'il arrive jusqu'ici, et c'était sans doute lui qui avait causé le bruit auparavant en s'engouffrant dans le couloir.
Quand elle se retourna pour ramasser ce qu'il restait de la larme bleutée, ce ne fut que pour constater que la majorité s'était dispersée et mêlée à la poussière. Au temps pour sa vente, elle n'en tirerait rien désormais.
Fatiguée et découragée, elle s'assit contre la paroi, se disant que finalement elle pouvait tout aussi bien passer sa nuit ici maintenant.

Quand elle s'endormit, elle tenait comme à son habitude du sable dans sa main. Parmi les grains et la terre se trouvaient des fragments bleutés.

D'aussi loin qu'elle se souvienne, elle n'avait jamais passé une nuit aussi agréable. En général, elle se réveillait avec une espèce de sentiment de vide dans la poitrine, juste avant qu'elle ne ressente pleinement les rayons du soleil sur sa peau et qu'elle se sente si bien qu'elle ne bougerait de sa place pour rien au monde. Depuis que l'Hyurois Falkhen lui avait donné cette perle, le vide s'était curieusement atténué, sans raison apparente. Pour elle, c'était clairement un signe que les choses devaient se dérouler ainsi, et qu'elle finirait par accepter de le rejoindre, lui et son ami.

Cette nuit, elle ne savait pas ce qu'il s'était vraiment passé, juste qu'elle s'était sentie bien, complète presque, avant de ressentir la morsure du froid du à la roche l'entourant, empêchant le soleil d'arriver jusqu'à elle. Cette puissante sensation, était-ce encore un signe, un message ? Quoi que ce soit en tous cas, elle aimait définitivement ce qu'elle avait ressenti et ferait son possible pour que ce sentiment perdure nuit après nuit.

Quand elle ouvrit les yeux pour de bon, ayant trop froid pour rester ici, elle ne vit d'abord que l'obscurité, puis il lui sembla découvrir des petites lumières bleutées sur l'espèce de plafond naturel, mais trop faible pour en être certaine. En tournant la tête, elle tomba sur le même phénomène que la veille : la poussière du sol luisait gentiment par endroits, là où la larme s'était effritée, de cette même couleur bleutée. Les merveilles de la nature continueraient toujours de l'émerveiller.
Minutieuse, elle entreprit un travail délicat, triant la poussière et la roche pour espérer ne garder que les grains de cette gemme luisante. Le travail était sans doute facilité par ce phénomène justement, sans quoi il serait bien trop délicat de tout différencier. Néanmoins, tout ramasser ne serait pas possible, de ça elle en était sûre : les grains étaient beaucoup trop dispersés, et surtout, beaucoup trop nombreux pour qu'elle n'ai le temps de tous les réunir.

Petit à petit, sa paume finit par rassembler plusieurs de ces grains, juste de quoi faire un petit pépin dans sa main. Juste avant qu'ils ne s'arrêtent de luire, comme si un interrupteur avait été pressé.
Son trésor en main, elle se demanda ce qu'elle allait bien en faire : le vendre comme elle en avait eu l'intention de le faire de prime abord ? Un signal lui fut alors donné, lui répondant de bien meilleure façon que n'importe quoi d'autre : les grains de larme se mirent une nouvelle fois à luire avant de redevenir ternes, si tant ils pouvaient l'être, et son être ressentit de nouveau pleinement cette unité et ce bien-être, tout comme à son réveil. Soit, elle garderait donc ces fragments pour elle.

Le reste de la journée se déroula dans une sorte de flou, tant elle n'arrivait pas à se sortir ce curieux phénomène de la tête. Les grains de la pierre précieuse avaient été soigneusement déposés dans une petite bourse en cuir, avant d'être attaché à sa ceinture, là où elle pouvait garder un œil dessus.
Ce jour là, elle ne récolta pas grand chose d'autre...

La nuit suivante s'acheva exactement de la même manière que la dernière : juste avant de ressentir l'éclat et les bienfaits des rayons du soleil, elle ressentit cette plénitude et ce sentiment d'être entière. Dans son esprit, ça ne faisait désormais plus aucun doute, elle était destinée à garder la larme avec elle, peu importe qu'elle soit réduite à l'état de poussière.
Aujourd'hui serait donc consacrée à regagner la ville, elle avait en tête un projet très spécial pour conserver la pierre sans pour autant risquer de la perdre.

Dans leur tribu, il était coutume de garder sur soit ce qui avait énormément de valeur à ses yeux. Ainsi, les pierres de ce genre étaient en général portées sur un bijou, que ce soit une bague, un collier, une broche... D'autres préféraient les coudre sur un vêtement, ou décorer une arme. Pour sa part, elle craignait bien trop d'égarer un bijou et de déchirer un vêtement pour se permettre telle solution. Sa pioche commençait à être en trop mauvais état aussi pour qu'il soit judicieux de l'arborer de cette gemme semblant magique. Non, à ses yeux, dans l'état actuel des choses, elle ne voyait qu'une seule solution viable, et elle espérait que quelqu'un à Ul'dah l'aiderait.

Ul'dah était grande et magnifique, fourmillant de monde et d'échoppes. A vrai dire, pour elle, c'était avant tout trop de monde et un vrai labyrinthe. Inutile de préciser qu'elle préférait nettement le calme du désert où personne ne la bousculait sans arrêt et où elle s'entendait marcher. Cependant, Ul'dah avait également ses bons côtés puisqu'elle réussit à vendre quelques pierres sans intérêt et à dénicher un chapeau de paille pour garder la tête relativement au sec en cas de pluie.

Elle dénicha également au fond d'une allée reculée la boutique qu'elle recherchait. La devanture était assez simple, à peine garnie de plusieurs signes et motifs ainsi que de quelques bijoux, mais l'Elezen qui l'accueillit était assez engageante pour qu'elle garde ses craintes pour elle et se décide à lui expliquer sa demande.
D'un geste souple, elle défit le nœud de la bourse en cuir contenant la larme et lui précisa qu'elle souhaitait incorporer ces fragments à l'encre. L'Elezen paru surprise d'une telle demande mais étudia soigneusement les fragments, s'enquit de savoir si elle pouvait les briser un peu plus jusqu'à en obtenir une fine poudre, puis finit par accepter. Le travail lui couterait plus cher que ce qu'elle avait prévu, mais grâce à ses ventes du matin elle aurait de quoi s'offrir ce luxe.

Quand elle quitta la ville ce soir là, elle arborait côté paume de la main, sur son poignet et soigneusement dissimulé sous quelques bandages, un tatouage bleuté en forme de larme.

Ce fut encore une nuit qu'elle passa tranquillement, et se réveilla plus en forme que jamais. Elle avait décidé qu'il était temps pour elle d'accepter pleinement la perle de l'Hyurois Falkhen, bien qu'elle ne sache pas vraiment comment le faire. La perle roula entre ses doigts, sur sa paume, toucha son tatouage découvert. Il n'y eu une sorte de flash devant ses yeux juste un très court instant, accompagné d'une profonde certitude qui la laissa hébétée quelques secondes encore.

Elle allait partir, quitter son désert. Elle allait rejoindre un endroit où la végétation était si dense que le soleil ne perçait que peu leurs feuillages et où la couleur principale n'était pas ce brun et cet ocre qu'elle aimait tant, mais différentes gammes de vert. Ça ne la réjouissait pas d'être ainsi privée de ce à quoi elle tenait, mais elle était tellement sûre que c'était ce qu'elle devait faire qu'elle ne pouvait l'ignorer. Là bas, dans tout ce vert, deux grands arbres blancs semblaient l'attendre.