[BG] D'Azur et d'Or

1 - Retour aux sources

Je m'arretais quelques instants pour m'asseoir sur un rocher et reprendre mon souffle. Traverser le désert sous un soleil de plomb était un exercice peu agréable que je ne n'avais pas pratiqué depuis longtemps. Et pour être franc, ça ne m'avait pas vraiment manqué.
Je décrochais ma gourde de ma ceinture, dévissais le bouchon et buvais deux bonnes gorgées d'eau tiède. Puis, levant la tête, je décidais, à la hauteur du soleil, qu'il était midi. Je débalais deux galettes de céréales et un morceau de viande séché que je dévorais aussi sec, tout en essayant de me réjouir du fait que le soir même, je serais enfin à Ul'Dah, la ville qui m'avait vue naître, et dans laquelle je pourrais enfin prendre un vrai et copieux repas qui effacerait ces trois jours de voyages éreintants.

Tout en machouillant mon morceau de viande, trop salé à mon goût, je regardais le décors dans lequel je me trouvais. Dans le désert de Thanalan, rien ne ressemblait plus à une falaise qu'une autre falaise. A part quelques rares buissons, il n'y avait que le ciel et la terre. Que l'azur du ciel bleu sans nuage, et l'or de la terre poussiéreuse du désert de Thanalan.

L'azur et l'or. Je ne savais pas si j'étais un cas à part, ou si tout le monde était comme moi, mais mes plus lointains souvenirs n'étaient pas composés de faits ni de paroles, mais juste de sons, d'odeurs et de couleurs. Et si je devais remonter aussi loin que je le pouvais, il ne resterait que ces deux couleurs, l'azur et l'or. Je supposais qu'être né dans la ville marchande et avoir passé pendant 20 ans le plus clair de mes journées dans le desert en était l'unique raison. J'avais aimé cette ville. J'avais aimé cette vie. Une vie paisible avec mon père, mon frère et ma soeur.

J'arretais d'un coup de machouiller, puis j'avalais difficilement ma bouchée. Repenser à ma vie ici alors que je n'avais pas encore vingt ans était un delice que je m'étais interdit pendant les dix ans que j'avais passé à Gridania.

Ma famille n'étais plus... J'étais seul et j'avais fuis pour tenter d'oublier pourquoi. Mais alors que j'essayais de contenir le flot de sentiments qui me submergeait à cause de ces souvenirs, j'en vennais presque à envier ce qui perdaient leur famille à la guerre, ou à cause d'une maladie grave... J'aurais pu au moins éprouver de la compassion pour eux tous. Or, je n'en éprouvais que pour ma soeur.

Une nouvelle fois, mon regard se perdait dans le desert. Je n'étais pas revenu ici pour me rappeler ces souvenirs que j'avais déjà tant de mal à oublier. Non. La raison était quelque peu différente.

J'avais fait un rêve troublant, quelques jours auparavant. Un rêve composé encore une fois de couleurs. Des même couleurs. D'azur et d'or. Mais cette fois, c'était l'or d'une petite chaine, et l'azur d'une pierre translucide. Un bijou que j'avais tenu en main il y a longtemps, et que j'avais accroché à la croix représentant la tombe de ma soeur. Je n'avais pas vraiment compris ce rêve. Juste que ce médaillon était beaucoup plus important qu'il n'y paraissait, et que je devais le récuperer. Et a bien y réfléchir, la façon dont j'avais obtenu ce cristal avait été si peu commune que tout ceci ne me surprenait pas vraiment.

Je me remettais en route. Ul'Dah n'était plus trés loin. Je pourrais alors me restaurer puis me reposer. et le lendemain, j'irais me recueillir sur la tombe de ma soeur, pour m'excuser une dernière fois, et pour voir si ce bijou qui hantait inexplicablement mes rêves était toujours là.

2 - Ul'Dah, la ville qui ne dort jamais.

Je passais la grande porte de la ville du désert dans l'ombre montante du crépuscule. Alors que mes pas résonaient dans le couloir traversant l'imposante muraille fortifiée de la ville, des tonnes de souvenirs m'assaillirent. Rien n'avait changé pendant les dix années qu'avait duré mon éxil dans la fôret de Sombrelinceul. Et cet état de fait fut encore plus flagrant quand je débarquais dans l'enceinte de la ville. L'odeur des épices et des plats cuisinés typiques de cette région d'Eorzea, les appels incessants des marchands pour attirer l'attention sur leur produits, la lumière des innombrables torches qui donnaient une ambiance chaleureuse aux rues animées... Beaucoup s'entendaient pour appeler Ul'Dah "la ville qui ne dort jamais", et je devais avouer que ce titre lui allait comme un gant.

Je marchais quelques temps, dépassais quelques rues, montais quelques marches, pour me retrouver enfin en face d'un stand couvert de tentures rouges sombres et proposant à la vente de magnifiques pierres, minerais et joyaux de toutes sortes et de toutes les couleurs imaginables. Le vendeur était un elezen à la fine moustache brune et à la chevelure cachée dans un turban orné de pierres précieuses. Remarquant que je le regardais avec insistance, il me fit signe de m'approcher et avec un accent que je n'avais pas entendu depuis des lustres, il me proposa d'acheter quelques pierres dont la qualité serait, selon lui, inégalable sur tout le continent d'Eorzea. Je n'étais pas venu pour ça et je ne tardais pas à le décevoir en lui demandant plutôt de rencontrer Molly. Le vendeur haussa les sourcils. Il se demandait probablement comment je pouvais connaitre le nom de la patronne de ce commerce.

Il allait probablement me répondre quand le visage joufflu d'une hyuroise d'une cinquantaine d'années dépassa de la fenêtre de l'immense batisse devant laquelle était monté le stand de pierres précieuses.

-"Qui la demande ?" Furent ses premiers mots, qu'elle balança de manière un peu agressive. Mais dès qu'elle posa les yeux sur moi, son visage s'éclaira et se fendit d'un grand sourire.

-"Falkhen ? C'est bien toi, Falkhen ?" demanda elle en se précipitant hors de la maison. Elle ne m'avait même pas laissé le temps de répondre à sa question, qui n'en était pas vraiment une. Elle avait fait le tour de son étal en un éclair et s'était jeté sur moi pour m'enlacer fermement.

- "Oh Falkheeen, comme tu as changé ! Ca fait si longtemps. J'avais peur qu'il te soit arrivé quelque chose..."
Bien qu'elle me faisait presque mal en m'emprisonant dans l'étau de ses bras musclés, j'essayais de ne rien laisser paraître.

- "Qu'as-tu fais pendant tout ce temps ? Où as-tu vaicu ? Et ce que personne ne t'as fait de mal ? As-tu rencontré des amis ? As-tu trouvé une femme pour s'occuper de toi ? Est ce que tu es revenu définitivement ?"
- "Toi aussi, tu m'as manqué, Molly" répondis-je en souriant.

Mon père se nommait Brashen Fanel. Il avait été un orfèvre reconnut dans tout Ul'Dah pour la qualité de ses pierres précieuses. Cette belle batisse en pierre de taille et ce stand couvert de teintures rouges avaient été ses biens.
Il avait épousé une riche éritière d'une famille qui avait fait fortune dans le commerce de tissus de luxe. Elle lui avait donné les gils nécessaire pour se lancer dans l'orfèvrerie, ainsi que trois enfants, une fille et deux garçons. Je fus le dernier d'entre eux à voir le jour. Malheureusement, je n'eu pas la chance de connaître ma mère. Fatiguée et malade, elle ne survécut pas à mon accouchement. Mon père, ne pouvant assumer nôtre éducation et son commerce, fit alors appel à une gouvernante.

Et c'est ainsi que Molly avait tenu le rôle de la mère que j'avais perdu. Elle avait toujours été là, stricte et intransigeante quand il le fallait, tendre et protectrice le reste du temps. Et c'est tout naturellement que, quand je fut le dernier représentant vivant de ma famille et que j'avais décidé de quitter Ul'Dah, que je lui avais confié la maison et le commerce trés florissant de mon père. Elle avait accepté, tout en rajoutant que je serais toujours chez moi dans cette batisse.

Je refermais la porte de ma chambre, posait mon sac de voyage et ma ceinture ornée de ma gourde et de ma saccoche sur mon lit. Rien n'avait bougé ici. Pourtant, le ménage était impécablement fait. pas une toile d'araignée, pas un grain de poussière. Je m'approchais de la fenêtre et goûtais une dernière fois à cette ambiance particulière qui reignait la nuit dans les rue de la ville qui ne dort jamais.

Je ne savais pas pour combien de temps j'étais de retour dans ma ville natale. Je savais seulement que les quelques jours qui m'attendaient ne seraient pas de tout repos...

3 - Omra

La nuit avait été interminable. Je n'avais pas dormi autant que je l'aurais souhaité. L'idée de retourner sur la tombe de ma soeur avait fait fuir mon sommeil, à mon grand désespoir. Pendant mon voyage de retour, j'avais décidé de régler ça le plus vite possible. Mais maintenant que j'étais rentré chez moi, je désirais revoir tous ces endroits qui avaient marqués mon enfance. Une petite voix dans ma tête me sussurait que c'était un prétexte pour repousser l'inévitable, mais je m'empressais de la faire taire.

Je pris le petit déjeuné avec Molly. Si les années lui avaient fait don de quelques rides, elles n'avaient pas entamé son talent pour la cuisine. J'avalais gateaux, tartines, omelette, lait et jus de fruit comme si je n'avais pas mangé depuis des lustres. Elle me demanda de lui raconter un peu ce qui m'était arrivé depuis mon départ. Je décidais de lui parler des décors somptueux qu'offrait la fôret de Sombrelinceul. Je lui décrivais aussi ma rencontre inatendue avec Peeropero, un lalafel particulier qui avait une mauvaise foi que je qualifiais de légendaire. Il était pourtant devenu mon ami. Je montrais d'ailleurs à Molly la petite pierre verte qui me permettait de communiquer avec lui malgré la distance qui nous séparait l'un de l'autre.

Je quittais l'enceinte de la ville au millieu de la matinée. Simplement équipé de mes vieux habits en chanvre et de mon épée rouillée, je partais à l'assaut du désert comme lorsque j'avais dix ans. Le ciel était d'un bleu profond et le soleil, comme à son habitude, s'exerçait à transformer l'endroit en véritable fourneau.
Thanalan me tendait les bras, m'invitant pour un voyage dans mes plus vieux souvenirs.

Pour n'importe quel aventurier débarquant fraîchement de la dense forêt de Sombrelinceul ou de la verdoyante île de la Norsca, je ne doutais pas qu'arpenter ce desert revenait à tenter de trouver son chemin dans une immense pièce obscure.
En revanche, pour moi comme pour probablement n'importe quel Ul'Dhien, chaques rochers, chaques falaises et chaques arbres étaient autant de panneaux qui nous annonçaient nôtre route.
Je connaissais même si bien l'endroit que j'avançais sans vraiment réfléchir à ma destination. J'étais seulement préocupé par mon fameux désir de repousser ma visite à la tombe de ma soeur.
C'était idiot, mais je m'en voulais. Cela faisait dix ans que je m'étais exilé à Gridania, et je revenais non pas pour pleurer sur la tombe du seul membre de ma famille qui méritait encore mes larmes, mais pour récupérer un bijou qui hantait mes rêves depuis des semaines.

Quand je liberais mon esprit de ce dilemne, je découvrais où mes pas m'avaient mené. C'était une immense plaine rocheuse, fleurie de monolithe de pierre que l'érosion s'était chargée de sculpter ici. Cet endroit, appelé "la plaine des vents" par les Ul'Dhien, avait été mon terrain de jeu favoris quand j'étais enfant. Et surtout, il avait été le théatre d'une rencontre inatendue.

Je devais avoir douze ou treize ans alors. J'exerçais mes techniques mortelles à l'épée contre un fameux ennemi. En d'autres termes, je tapais de toutes mes forces sur un monolithe de pierre avec un boût de bois mort. L'avantage était que le rocher ne rendait jamais les coups. Je sortais donc toujours victorieux de ces combats épiques.
Ce jour là, alors que je terminais un enchainement fatal, j'entendis le monolithe pousser un long gémissement de douleur. Forcement, la colone de pierre n'y était pour rien, mais c'est seulement aprés dix bonnes minutes de doutes que je réussis à m'en convaincre et à sortir de la cachette où je m'étais réfugié.

J'entendis d'autres cris. Ils me permirent de retrouver celui qui les poussait. C'était un félin. Une sorte de grand chat aux poils longs. Quand il me vit approcher, il me montra les crocs et souffla, avant de tenter de fuir, sans grand succés car l'une de ses pattes arrières était coincée dans un petit éboulis. Comme il semblait affolé, je décidai de m'asseoir à bonne distance devant lui pour attendre qu'il s'habitue un peu à ma présence. Ce fut peine perdue. Le chat semblait ne jamais vouloir s'avouer vaincu. Je pris alors la décision de le contourner et de le libérer, tout en restant sur mes gardes devant cet adversaire bien plus coriace qu'une colone de pierre. Au prix de quelques griffures, je réussis à le sortir de son pétrain. Il ne demanda pas son reste et détala, sans même boiter, disparaissant de ma vue en quelques secondes.

Pourtant, les jours suivants, à chaque fois que je revenais seul dans la plaine des vents pour m'entrainer ou passer le temps, je trouver mon chat, perché dans un endroit inaccessible. Il suivait toujours le même rituel. Il m'observait, dans un premier temps, puis il passait le reste de la journée allongé, sa tête reposant sur ses pattes avants. Et quand je décidais de rentrer à la ville, il se levait, s'étirait longuement, puis disparaissait à ma vue en un bond. Molly dut remarquer qu'a partir de cette période, les reserves de viande de la maison Fanel baissèrent bien plus vite qu'auparavant. Mais à part deux ou trois reflexions précisant qu'elle n'était pas dupe, elle ne vint jamais interfèrer dans mes expeditions visant à nourir mon nouveau compagnon.

Il avait les yeux d'un vert profond et le pelage ambre,avec des reflets roux. Ambre... C'est comme ça que j'avais décidé de l'appeler. Ou plutôt Omra, ce qui voulait dire la même chose dans l'ancien langage d'Ul'Dah.

Puis le temps passa. Je grandis et passais de moins en moins de temps dans la plaine des vents. Omra, lui, prit la taille d'un grand Lynx et, bien qu'il me fasse encore grâce de sa présence de temps à autres, lui aussi venait plus rarement à nos rendez-vous secrets.

En fait, Omra n'avait jamais été un compagnon de jeu. je croyais juste qu'il veillait sur moi, qu'il me protegeait, du haut de son rocher où il ne consentait à dormir que lorsqu'il devait estimer que je ne risquais rien.

L'histoire, bien plus tard, me prouva que je n'avais pas complettement tord...

4 - La fille du desert

Aprés avoir grignoté quelques fruits secs, je décidai de me remettre en route.
De gros nuages sombres avaient complettement recouvert le ciel et si je ne me dépechais pas de rentrer, j'allais prendre une douche monumentale.

De nouveau, la petite voix dans ma tête me reprochait de sauter sur le moindre prétexte pour repousser l'inévitable. Je la faisais taire et prenais le chemin pour Ul'Dah. C'est alors que je la vis, au détours d'une falaise.

C'était une mi'quote.
Assise sur le sable, le buste s'appuyant contre la paroie rocheuse, le visage serein, elle semblait dormir. Avec ses cheveux longs à frange courte, d'un brun éclatant, son teint halé et son corps félin aux formes attirantes, je la
trouvais magnifique.

Presque hypnotisé, je fis un pas vers elle, me détournant de mon chemin initial. Mais je stopai net mon mouvement quand je la vis s'agiter. Elle cligna des yeux, regarda le ciel aux nuages menaçant en faisant la moue, puis s'étira
longuement. Je me demandais si j'étais la cause de son reveil mais, apparemment, elle ne m'avait pas encore remarqué. Je ne bougeais plus. Géné de l'avoir surprise dans sa sieste, j'aurais pu faire demi-tour et disparaitre. Pourtant, au fond de moi, je désirais entendre sa voix, en savoir plus sur elle... et m'évader un peu des dilemnes qui m'obsedaient en permanence ces derniers temps. Que faire ? Avancer, reculer ? Mon indécision me pétrifia, si bien que c'est elle, aprés avoir ramassé la pioche qui gisait sur le sable à côté d'elle, qui vint vers moi.

Elle accrocha l'outil à une lanière, dans son dos, puis fit quelques pas avant de se rendre compte de ma présence. Elle s'arreta alors et, le plus simplement du monde, elle me sourit. C'était un sourire qui trahissait une certaine curiosité, mais un sourire franc tout de même.
Si peu de gens offraient leur sourire de nos jours. J'en oubliais complettement le reste. Mon retour à Ul'Dah, le ciel grondant, et surtout la raison de ma présence dans le desert de Thanalan alors que je l'avais fuis pendant dix ans.
Rien ne comptait plus à cet instant que ce sourire.

- "Vous... Vous devriez faire attention."

Mais pourquoi donc, dans ces moments là, toute l'assurance que l'on croit avoir disparait d'un seul coup. Je devais être ridicule, à bagayer de la sorte. Et je sentais aussi la chaleur sur mes joues. Je rougissais... Tss, vraiment ridicule.

" C'est un endroit ou traine parfois les Peistes du desert. Des... des créatures énormes qu'il vaut mieux ne pas croiser quand elles ont faim".

Ce n'était pas une enfant... Et elle semblait connaître le desert au moins aussi bien que moi. Mais je n'avais pas d'autres armes pour entamer la conversation avec elle.

- "Oh... Merci, je ferai attention."

- "Alors comme ça... Vous... Vous cherchez du minerai ?"

Génial... Une question idiote et ennuyeuse. Il était évident qu'elle n'utilisait pas sa pioche pour se tailler les griffes en pointe. Cette satanée assurance dont je pensais être investie s'était manifestement fait la malle en même temps que le soleil, ce jour là. Pourtant, elle me répondit sans moquerie et avec le sourire.
J'étais définitivement conquis.

Nous discutâmes un long moment. J'apprenais qu'elle se nommait Na'Lieb Eslaria. Elle aimait le soleil et la chaleur et, comme Thanalan en avait à revendre, elle s'était tout naturellement instalée à Ul'Dah. Elle vivait de la revente des pierres qu'elle dénichait dans les nombreux filons de la région. Elle me montrait le butin qu'elle s'était constituée durant sa matinée de travail quand quelques gouttes d'eau l'interrompirent. Elle fit la grimace, me confiant qu'elle détestait la pluie plus que tout. Et comme pour la punir de son commentaire, celle-ci se mit brusquement à tomber tel un déluge.
Je me mis à courir, tel un chien fou.

- "Suis moi, je sais où il y a une grotte, pas loin. On pourra s'y abriter en attendant que la pluie passe !"

Sans poser de question elle me suivit. L'odeur de la pluie tombant sur la terre trop sèche, la joie d'avoir rencontré Na'Lieb, l'oubli éphémère de mes démons... J'étais aux anges.
La réputation d'athlète des mi'quotes n'était pas usurpée. J'avais beau courir aussi vite que je le pouvais, elle n'avait aucun mal à maintenir mon rythme. Comme pour se moquer de nous, la pluie cessa alors que nous arrivions à la première grotte de ce qui formait tout un réseau souterrain dans le thanalan occidental. Bien entendu, nous étions trempés, notre course ne nous ayant pas permi de passer entre les gouttes. Heureusement, le soleil couchant, qui réaparaissait déjà entre les nuages qui se dissipaient, rechauffa tout de même un peu l'atmosphère.
Na'Lieb regarda l'entrée de la grotte, intriguée. Je lui prenais le bras et, l'entraînant dans les entrailles rocheuses, lui demandais de me faire confiance. Son visage s'éclaira quand nous arrivâmes de l'autre côté du souterrain.

- "Whaaaaaaaa" !

L'océan s'étendait en face de nous, jusqu'à perte de vue. Je comprenais dans la réaction de ma nouvelle amie que c'était la première fois qu'elle assistait au magnifique spectacle qu'offrait la mer. Nous étions au port de Thanalan. Un voilier était en train de jeter les amares, à la lueur des torches, pour entamer un long voyage vers la ville de Limsa Lominsa.
Nous nous installâmes au bord de la falaise et, dans un silence respectueux, nous goutâmes à la beauté du crépuscule grandissant. Puis nous nous remîmes à discuter... de tout, de rien, de nous...

La nuit passa en un éclair, sans que jamais la fatigue ne vienne nous cueillir. C'est les premiers rayons de l'âstre, dans nôtre dos, qui vinrent nous ramener à la réalité. Je crois que malgré tout, nous aurions pu rester longtemps ainsi si une brusque tempête de sable ne vint nous déloger. Nous nous remîmes à l'abris, dans la grotte. Je foullai alors dans mes affaire et en tirai une perle vert émeraude que je lui tendis.

- "Tu sais, l'ami que je me suis fais à Gridania dont je t'ai parlé cette nuit ? Grâce à cette petite perle, je peux rester en contact avec lui malgré la distance. Na'Lieb, prends en une toi aussi. Rejoins nous ! Te rencontrer est peut
être ce qui m'est arrivé de mieux depuis longtemps."

Est-ce que mon assurance avait décidé de faire son retour en fanfare ? Je ne me reconnaissais pas... Mais je ne voulais vraiment pas que Na'Lieb ne reste qu'un souvenir aprés la nuit que nous avions passé.
Je lui logeais la perle dans la main.

- "Prend le temps d'y penser. Réfléchis-y. Ca me ferait vraiment plaisir que tu nous rejoignes !"

Elle ferma la main sur la perle, sans cacher sa surprise. Pourtant, une nouvelle fois, elle me fit don de son magnifique sourire.

- "Merci. Je n'oublierai pas la proposition."

Je sortais de la grotte, dans la poussière et le vent qui perdait, heureusement, de la puissance.
J'avais des choses à faire. Des choses importantes. Mais grâce à Na'Lieb, j'y allais le sourire au lèvres et le coeur léger.