[BG] Lalwende, enfant des ténèbres

Mon peuple vie dans la chaîne montagneuse séparant Mor'Dhona de Thanalan. les cavernes calcaires profondes et humides sont nos lieux de vie, là où nous bâtissons nos foyers, loin du monde du dessus. Nous ne partageons pas les mêmes croyances, nous ne vénérons pas les mêmes divinités que les peuples de la lumière.

Nous sommes un clan d'Elezen crépusculaire vivant en harmonie avec les ténèbres et le monde du dessous. Notre communauté compte des milliers de têtes. je suis issue de la famille matriarcale qui fait de moi une noble parmi mon peuple. On me doit le respect dû à mon rang et j'en ai toujours pleinement profité.

Des rumeurs courent sur ma naissance, on dit que j'ai été bénie de nos dieux. Alors que je poussais mon premier cri, la roche à pleuré sur moi, laissant tomber une larme sur mon petit ventre nu. Cette pierre brillait de mille feux, un fabuleux trésor que nos mineurs les plus expérimentés ne surent identifier. Un pur don de la terre selon les experts. J'avais donc la faveur des dieux depuis la naissance, du moins tout le monde le pensait. J'arbore fièrement cette larme de la terre sur un collier.

Ma peau n'était pas aussi sombre que les autres membres de mon peuple et mes yeux étaient très clairs. Je sais que beaucoup pensent que je ne suis qu'une bâtarde au sang impur issue d'un accouplement illégitime avec un Eleven sylvestre ou pire, avec un humain... Car je suis aussi très petite. Le seul fou qui a osé proclamer cette pensée tout haut a fini sur le bûcher le soir même, il se consumait en même temps que se calmait le courroux de ma noble mère.

Mon peuple est impitoyable, le faible est mangé par le fort. J'ai fait tué des hommes juste parce qu'ils avaient osé me bousculer. J'ai été élevée dans l'abondance et le luxe, j'avais des mercenaires qui assuraient ma protection...

Mais vint le grand changement le jour où ma pierre se mit à briller pour la première fois...

je ne sais pas exactement quel âge j'avais. J'étais assez âgée pour avoir pleinement conscience du monde qui m'entourait, j'avais étudié avec les meilleurs maîtres. je connaissais la faune et la flore des entrailles de la terre.

Un jour, alors que je m'égarais dans mes pensées, ma larme de la terre se mit à briller. Des visions prirent possession de mon jeune esprit. Ma main, guidée par je ne sais quelle force, griffonna d'étranges formes sur un bout de parchemin. Lorsque je repris pleinement possession de mon être, je me rendis compte que j'avais dessiné des choses qui n'avaient aucun sens.

j'avais décidé, non sans fierté, de montrer ces dessins harmonieux à ma mère. Sa réaction fut sans appel... Elle m'arracha horrifiée mon chef d'œuvre de mes mains.
" Ou as tu eu ça ? Qui t'a montré ces images auparavant" disait elle les yeux larmoyants.
je ne me souviens que de sa colère mêlée à de la peur.

Immédiatement elle avait fait appel au conseil des sages de la famille. J'attendais fébrile dans la pièce à coté... J'entendais des brides de conversation.
" Comment aurait elle pu dessiner un arbre sans avoir jamais vu une forêt ?" disait l'un.
" Et pourquoi dessinerait elle un coucher de soleil sur l'océan alors qu'elle n'a jamais vu de lac ?" Disait l'autre.
Je ne comprenais rien... Forêt, océan... Ces mots m'évoquaient de vagues études sur le monde du dessus mais rien d'autre.
"Serait elle sortie du territoire à notre insu ?"
" Mais c'est impossible, elle est surveillée lors de tous ces déplacements"
"Moi je vous le dit, elle est maudite !"
" Cela suffit !" Tonna ma mère.

Après de longues heures, ma mère ressortit en sanglot. Me demandant suppliante qui m'avait montré les images de l'autre monde. Le plus innocemment du monde je désignais ma perle.
"C'est elle maman qui m'a demandé de dessiner tout ça".

Ce jour là, le conseil avait décidé de fermer les yeux sur cet étrange phénomène.

Hélas, pendant bien des années après, périodiquement, cela recommençait. je dessinais mes visions toujours avec grande précision. Mais je me gardais cette fois de montrer quoi que ce soit de peur des représailles. Je voyais des étendues verdoyantes, de grands étendues bleues, de grandes formes majestueuses pourvues d'une étrange fourrure verte au sommet qui se regroupaient pour faire de l'ombre à de petits êtres.
Je m'émerveillais devant ce que me montrait la larme de la terre. Je rangeais le tout soigneusement caché.

je devais me douter qu'un jour... l'inévitable arriverait.

Pendant plusieurs années, j'ai dessiné mes visions. Souvent sans en comprendre le sens.

Tout s'est effondré quand ma soeur, qui m'a toujours considéré comme une sang impur sans en avoir la preuve formelle, tombe sur le fruit de mes rêves. Il ne lui a pas fallu longtemps pour rassembler le conseil et même la cité entière. Mon cas était rapidement devenu un procès public.
En attendant la décision du conseil de mon peuple, qui avait beaucoup plus de poids que celui de ma famille. Je ne pouvais plus sortir, la foule avait déjà rendu son verdict.
"Il faut l'exécuter cette bâtarde, elle n'est pas des nôtres, elle est maudite".

Je ne devais mon salut qu'à la matriarche de la maison Pirotes: ma mère. Sa garde personnelle devait assurer ma sécurité. De fille bénie de nos dieux, j'étais devenue une enfant maudite et possédée. Notre clan haïssait le monde du dessus, alors quand une de leur membre dessinait ouvertement des symboles provenant du territoire de la lumière, c'était une véritable insulte.

Le jugement tomba comme un couperet :
" Lalwende, de la maison Pirotes, tu es condamnée à l'exil. Ce jugement est à effet immédiat. Tu es vouée à rejoindre le monde maudit et à emporter cette pierre damnée loin de nous."

Ainsi je perdis mon statut, ma famille et mon peuple. Je me rendis vite compte que personne ne pleurerait mon départ. Je ne voyais que des visages satisfaits.

Seule ma mère semblait préoccupée par mon départ. Elle se sentait coupable. Et je compris pourquoi lorsqu'elle m'avoua, le jour de mon départ, que j'étais vraiment le fruit d'un amour illégitime avec un Hyur.
"Je l'ai aimé d'un amour véritable, le monde du dessus n'est pas si horrible que ça ma fille. Prends cela comme un voyage initiatique, d'ici ton retour je trouverai un moyen de te faire accepter de nouveau par notre peuple".

J'étais vraiment une bâtarde... Je n'étais rien. Même pas une sang pur...
J'ai quitté cette vie sans me retourner, ignorant les sanglots de la matriarche qui s'est laissé séduire par un être inférieur du dessus.

Ce monde de lumière où j'allais bientôt me retrouver. J'avais longtemps hésité à mettre fin à mes jours dignement plutôt que d'atteindre la surface.

Deux jours entiers s’écoulèrent dans le dédale de grottes avant d’atteindre la surface. J’étais sous bonne escorte, mais ma garde était là pour s’assurer que je ne revienne pas vers la cité d’où je venais d’être bannie.

Mon cœur martelait ma poitrine au fur et à mesure que l’air chaud de la surface soufflait. La chaleur devenait de plus en plus désagréable et suffocante. Un point lumineux aveuglant au bout d’un long corridor de roche… Les gardes s’écartèrent et firent un mur de leurs corps en armure derrière moi. L’un d’eux, ricanant " Au bout, c’est l’enfer, et c’est ton nouveau foyer ".
Ils gloussèrent en cœur, tel des corbeaux heureux dansant autour d’un corps agonisant. Et pourtant, dans mon désespoir je suppliais : " Laissez-moi rentrer, qu’ai-je fait de mal, pourquoi suis-je condamnée ? Pour quelques misérables dessins ? ".

Un des gardes pointa sa lance à quelques centimètres de mon visage en larme : " le conseil de la cité t’a jugé, tes dessins n’ont pas plus à tout le monde. Si tu oses revenir, on te tue sans semonces, et on piquera ta tête devant la salle du conseil pour montrer qu’il n’est pas bon de fricoter avec le monde interdit. "

Le monde interdit de dessus… C’était la politique de notre clan. Ne jamais atteindre la surface, ne pas se mêler du monde extérieur. Pourtant ma mère avait bien transgressée cette règle, sachant que je suis une bâtarde. Comment avait elle pu cacher cet état de fait... Et qu'avait elle voulue dire par "ce monde n'est pas si terrible". pouvait on seulement y survivre ?

Je n’avais d’autre choix que celui d’avancer vers la lumière. J’avais l’impression d’entrer au cœur d’un volcan en fusion. La chaleur du désert de Thanalan me brûlait la peau. Les gardes étaient reparties dans les profondeurs à toute vitesse alors que je poussais un hurlement de douleur au premier contact avec cette boule de feu dans le ciel.

Mon errance dans le monde du dessus à duré des jours, des semaines… je parcourais de longues distances la nuit, et le jour je trouvais l’abri de l’ombre dans les cavernes inoccupées. Ma vue n’était revenue qu’après quelques jours suite au contact des rayons de la boule de feu sur mes yeux.

Je manquais de nourriture et d’eau, dans ma grande solitude je pleurais sur la beauté de la nuit. Jusqu’à que j’atteigne la cité d’Ul’dah. Je pourrais m’y abriter même le jour sous ces grands bâtiments, au moins le temps de me restaurer et de reprendre des forces.

Une nouvelle épreuve cependant allait m’attendre, le contact avec les autres espèces. Jusqu'à maintenant les étrangers étaient des esclaves...

Les rues de Uld'ah étaient toujours en effervescence, de jour comme de nuit : des chanteurs, poètes, bardes, acrobates et jongleurs partout. Je devais être la seule à ne pas apprécier cette foule et ce bruit.

J'étais telle une âme errante dans les rues la nuit. Je profitais de la douce température et de la faible luminosité. le jour en revanche je me terrais dans lieux ombragés, je n'avais même pas le courage de traverser les ruelles sous le ciel nu.

Mes vêtements étaient en haillons. On me jetait parfois un ou deux gills alors que je me reposais dans un angle ombrageux. J'étais surprise par le nombre d'artisans. Dans mon peuple la récolte et la fabrication étaient un travail d'esclave. A la surface, chacun se fabriquait les affaires dont il avait besoin. Et moi... je ne savais rien faire de mes dix doigts. C'est là que je me rendis compte que le temps de mes privilèges était bel et bien terminé.

Toutes les races se mêlaient en une parfaite harmonie. A ma grande surprise, j'aperçus d'autres Elevens du crépuscule qui ne semblaient pas du tout incommodé par la chaleur ou la lumière. Je m'étais jetée aux pieds du premier eleven à la peau sombre que je croisa. Il m'ignora parfaitement "barre toi de là clocharde, retourne dans ton trou". Mon peuple d'Elezen était il le dernier à vivre reclus dans les cavernes ? Savait il que d'autres membres de notre race parcouraient le monde en se mêlant aux êtres inférieures du dessus?

Je me sentais encore plus seule parmi la foule. Je continuais à coucher mes visions sur le papier, toujours cette masse de géants à la peau marron et à la tête verte qui se regroupaient. Lors de mon voyage sur les terres arides, je n'avais pas vu de telles créatures. Lorsqu'une enfant Hyur vint pour admirer mon œuvre sans mon autorisation...
"Oh on dirait Gridania !" Faisait elle en pointant du doigt mon dessin.
Mon intérêt fut alors entier. "As tu déjà vu ces géants petite ?"
"C'est pas des géants c'est des arbres." La petite fille s'esclaffa devant ma méconnaissance de ce monde. J'ignorais ces moqueries, je tenais là une occasion d'en savoir plus sur mes visions.
"Ou puis je trouver ces arbres, dis moi !"
"Ben c'est loin loin loin !"
Je pris la gamine par le col de sa chemise de chanvre "Dis moi de suite où je peux trouver ces arbres !"
la petite fille était apeurée, elle pointa une direction vague. Mais au moins, j'avais un but désormais : Gridania.

Je rassemblais quelques vivres avec le peu d'argent que j'avais pu rassembler avant de me mettre en route pour rencontrer ces géants que l'on appelait "arbres". Ils sauraient peut être m'en dire plus sur mes visions.


Voilà ou j'en suis aujourd'hui... en plein cœur d'une ville perdue dans un vaste désert. La traversée qui m'attend va être longue et difficile. Je tenterai de parcourir les grandes distances la nuit et je me reposerai le jour. En quête de mon destin, je me demande quel genre de rencontres je vais bien pouvoir faire.